Attention, cette article date de plus de 10 ans. La classification ainsi que d’autres informations ont pu évoluer.
Ce voyage entrepris au Québec du 1er au 19 juillet 2009 avait pour objectif la découverte des orchidées indigènes du continent nord-américain, continent qui est riche d’une cinquantaine de genres pour un total d’environ 250 espèces dont la très grande majorité sont des orchidées terrestres.
Avec une superficie de près de 1 700 000 km² (soit 3 fois la France métropolitaine) et une population de 7 700 000 habitants, le Québec est la province la plus vaste et la plus peuplée sur les 9 que compte le Canada. La population québécoise se concentre essentiellement le long du fleuve Saint-Laurent, surtout dans la partie sud de la belle province entre Montréal et Québec.
Le reste du territoire, soit les ¾ de la superficie, est constitué de vastes espaces naturels recouverts au 2/3 de forêts et alimentés par un riche réseau hydrographique.
Du nord au sud, divers paysages se succèdent :
- la toundra dans l’extrême nord (Nunavut),
- la forêt boréale, constituée de sapins Baumier, d’épinettes, de bouleaux, entrecoupée de tourbières et de lacs dans la partie centrale du Québec,
- enfin, la forêt tempérée mixte faite d’un mélange de plusieurs espèces de conifères et de feuillus parmi lesquels la Pruche du Canada, différentes espèces d’érables dont l’érable à sucre, le hêtre, le bouleau, le chêne, etc.
Cette nature sauvage est parsemée d’espaces protégés, parcs nationaux et régionaux, réserves fauniques, réserves écologiques, qui contribuent à la préservation des espèces les plus rares.
Au début du siècle dernier,le frère Marie Victorin a entrepris un inventaire de la flore du Québec. L’ouvrage qu’il a publié sous le titre de « La Flore Laurentienne » fait encore référence de nos jours. Parmi les plantes les plus emblématiques figure l’Iris versicolor. C’est une espèce fréquente que l’on rencontre en milieu humide et dont le Québec a fait son emblème floral en 1999.
Sur le plan des orchidées, le Québec abrite 51 espèces sur les 77 que compte le Canada.
Ces 51 espèces sont réparties en 19 genres dont 12 sont représentées en Europe :
Calypso, Coeloglossum, Corallorhiza, Cypripedium, Epipactis, Goodyera, Liparis, Listera, Malaxis, Platanthera, Pseudorchis et Spiranthes.
Parmi les espèces appartenant à ces genres, seules 6 sont communes avec l’Europe.
Sept genres enfin se différencient de nos genres européens et parmi ceux-ci, les genres Amerorchis, Arethusa, Calopogon et Pogonia.
La floraison des orchidées québécoises s’étale sur 6 mois de mai à octobre. Le pays sort de son long et rigoureux hiver au mois d’avril et les premières orchidées commencent à fleurir dès le mois de mai. Le pic des floraisons se concentre sur la période entre mi-juin et mi-juillet.
C’est donc à cette période que l’on peut observer le plus grand nombre d’espèces.
Notre parcours nous a conduit de Montréal à la région de Saguenay – Lac Saint Jean, puis le long du Saint-Laurent pour atteindre la Minganie et son archipel d’îles. De là, nous sommes redescendus vers le sud, pour traverser le Saint-Laurent et atteindre la Gaspésie. Enfin, nous rejoignons la ville de Québec puis Montréal.
Les environs de Montréal
C’est dans les proches environs de Montréal que nous entamons nos prospections. La progression dans ces milieux boisés et humides est rendue difficile par l’enchevêtrement de bois morts et les marécages.
Pogonia ophioglossoides
La Pogonie langue-de-serpent ainsi nommée à cause de son apparence de serpent qui dresse la tête est notre première orchidée nord-américaine. Le genre Pogonia renferme 3 espèces dont 2 asiatiques et Pogonia ophioglossoides est une espèce spécifiquement nord-américaine.
C’est une plante de taille moyenne dont la tige porte en général une seule fleur à la teinte rose pâle. Elle peut former des colonies d’individus parfois denses et il n’est pas rare de la rencontrer au Québec. Nous l’avons aperçue à plusieurs reprises en milieu de tourbière humide et également sur des sols sablonneux.
Platanthera psycodes
Cette espèce appartient au genre Platanthera abondant en Amérique du nord avec 34 espèces dont 13 au Québec.
Belle plante de haute stature, Platanthera psycodes est un des représentants du superbe groupe des platanthères frangées et ne subsiste qu’en Amérique du nord. Elle présente une inflorescence de plusieurs fleurs couleur lilas dont le labelle attire l’œil. Elle vit en milieu humide au milieu des herbes et aux abords des bois.
Répandue sur tout le sud du Québec, elle est cependant peu abondante et nous avons eu de la chance de pouvoir l’observer.
En marge des orchidées, la région abrite de nombreuses autres plantes comme la Rudbekie, le Calla des marais, diverses espèces de Lycopode, l’Osmonde royale, l’Iris versicolore et le Monotrope uniflore. Une mention particulière pour l’Herbe à Puce qu’il convient de savoir identifier sur le terrain car c’est une plante urticante pouvant provoquer de sévères lésions.
Fjord du Saguenay et le lac Saint-Jean
Nous quittons la région de Montréal pour gagner plus au nord le Fjord du Saguenay et le lac Saint-Jean via la ville de Québec.
Le fjord du Saguenay est une vaste entaille au fond de laquelle coule la rivière qui porte son nom. Long d’une centaine de kms entre les villes de Chicoutimi et Tadoussac, il offre un paysage unique où se mêlent eaux douces et eaux salées. Ce fjord est protégé par le statut de parc national.
C’est un espace naturel recouvert de forêts de conifères denses qui abritent une riche faune terrestre. C’est aussi un des endroits au Québec où on peut observer différentes espèces de Cétacées en migration estivale.
Le parc est aménagé avec de nombreux sentiers qui permettent d’approcher une nature généreuse à la végétation diversifiée dont quelques orchidées de milieu forestier.
Platanthera huronensis
C’est une plante de taille moyenne, discrète, à la couleur verdâtre généralisée même au niveau de ses fleurs.
Elle est largement répandue au Québec du nord au sud et croît dans divers types de milieux humides. Malgré son aspect discret, c’est une orchidée facile et rapide à observer et qui peut être abondante au niveau de ses stations.
Elle est très proche d’une autre espèce, Platanthera aquilonis (voir photos ci-dessous), d’allure plus grêle et pauciflore.
Cypripedium parviflorum var. pubescens
Cette espèce ressemble à l’espèce européenne Cypripedium calceolus auquel il a longtemps été rattaché.
Cypripedium parviflorum est devenu une espèce nord-américaine distincte avec 3 variétés : la variété pubescens mais aussi la variété makasin que nous ne verrons pas et la variété planipetalum que nous observerons plus tard en Minganie.
Le Cypripède soulier, qui doit son nom à la forme de son labelle, est une plante à la taille variable selon la variété. La variété pubescens se distingue par un labelle de taille plus importante et croit dans les riches forêts de feuillus. Comme nombre d’espèces végétales au Canada, c’est une plante urticante qu’il convient de ne pas toucher.
Cypripedium reginae
Le cypripède royal est l’une des plus belles orchidées nord-américaine, rivalisant avec les espèces exotiques.
A l’état sauvage, c’est une plante protégée au Québec par le statut d’espèce vulnérable. De taille haute, elle se remarque par la forme trapue de son labelle à la jolie couleur rose surmonté d’un périanthe blanc.
Dans la nature, elle peut former de spectaculaires bouquets constitués de nombreux individus. Elle croit essentiellement sous couvert de conifères en milieu humide et se rencontre dans la partie sud du Québec. Comme le précédent Cypripède, c’est une plante urticante auquel il faut faire attention.
Corallorhiza maculata
La Corallorhize maculée est une orchidée de petite taille sans chlorophylle ni feuille qui ressemble à l’espèce européenne Corallorhiza trifida mais en plus colorée. Elle est assez fréquente dans le sud du Québec. Son labelle est parsemé de ponctuations pourpres.
Cette espèce se décline en diverses variétés et formes avec une couleur allant du rouge au jaune. C’est une plante qui pousse en milieu humide forestier sous couvert de feuillus.
Corallorhiza striata
La Corallorhize striée est une espèce pour laquelle nous n’avons observé qu’un seul individu malheureusement fané.
Dommage car c’est l’une des plus belles espèces du genre Corallorhiza, remarquable par la taille de ses fleurs vivement striées de rouge. Elle est extrêmement rare et localisée au Québec où elle fait partie des espèces menacées et vulnérables.
Platanthera clavellata
C’est une orchidée que nous avons observée ponctuellement en petite colonie et malheureusement en bouton floral.
C’est une plante de petite taille à la coloration verdâtre généralisée jusqu’aux fleurs qui pousse au milieu des herbes et qui de ce fait est difficile à observer. Elle se caractérise entre autres par la forme plus ou moins rectangulaire et plat de son labelle.
Elle croît en milieu humide, le plus souvent en tourbière et est surtout répandue dans le sud Québec, bien que peu abondante dans ses stations.
Autres plantes hors orchidées
Parmi les autres plantes remarquables de cette région, il faut citer :
Le Cornouiller du Canada, plante forestière largement répandue au Québec et qui forme d’élégants tapis en sous-bois.
L’épervière orangée, largement répandue dans le sud et qui colonise des prairies entières ainsi que les lisières de bois.
Les papillons ne sont pas en reste avec le magnifique Flambé et une espèce exotique pour nous européens, le Monarque.
En direction de la Minganie
Nous quittons le Saguenay et entamons une longue remontée vers le nord en direction de la Minganie.
La route 138 que nous empruntons est baptisée route des baleines. En effet, en période de migration estivale, diverses espèces de cétacés remontent le Saint-Laurent jusqu’au fjord du Saguenay et il n’est pas rare d’en apercevoir au large.
Progressivement, le Saint-Laurent s’élargit pour se jeter dans le golfe du même nom au niveau de la Pointe des Monts dont le pittoresque phare est un des plus vieux d’Amérique du nord.
Chemin faisant, nous allons nous arrêter à différents endroits pour découvrir de nouvelles espèces d’orchidées.
Platanthera dilatata
C’est une orchidée qui peut atteindre des tailles assez importantes et dont l’épi peut porter jusqu’à une soixantaine de fleurs.
C’est une plante élancée et remarquable par la couleur blanc pur de ses fleurs. Largement répandue au Québec sauf dans l’extrême nord, elle peut être abondante au niveau de ses stations et cohabite souvent avec la Platanthère huronensis avec laquelle elle s’hybride très facilement.
C’est une plante de milieu humide que l’on peut rencontrer aussi bien en forêt boréale que dans les forêts de feuillus plus tempérées.
Cypripedium acaule
Le Cypripède acaule encore appelé Sabot de la Vierge, est une orchidée à la hampe florale élancée largement répandue dans la partie sud du Québec et très abondante dans ses stations.
A la mi-juillet, ce cypripède est complètement fané au sud alors qu’il est encore visible à l’approche de la Minganie. Il se distingue par son labelle rose parcouru de nervures plus foncées et fendu en deux qui lui permet d’attirer et de piéger les insectes pollinisateurs à l’intérieur du sabot.
A l’approche des Mingan, le paysage change et les forêts denses laissent la place à des milieux ouverts avec une végétation boréale et de vastes espaces de tourbières alimentés de cours d’eau et de lacs.
Le Québec l’été est infesté de moustiques que les québécois appellent maringouins et de toutes sortes de mouches dont la redoutable Simulie. Pour s’en prémunir, un chapeau muni d’une moustiquaire constitue une bonne protection. Cette tenue, qui peut rappeler celle des apiculteurs, est très appréciable dès que l’on souhaite évoluer dans les espaces naturels humides n’importe où au Québec.
Arethusa bulbosa
L’Aréthuse bulbeuse appartient au genre Arethusa qui ne compte que 2-3 espèces dans le monde, 2 asiatiques et une nord-américaine.
Arethusa bulbosa, bien que relativement rare dans le sud de la province, est très présente en Minganie où elle peut former d’abondantes colonies d’individus aux fleurs roses. C’est une orchidée de petite taille dont la tige ne possède en général qu’une seule fleur de couleur rose vif et une discrète feuille fine et étroite.
Elle croît dans les tourbières au milieu des sphaignes et des éricacées.
Les îles Mingan
S’étendant de Longue Pointe à Aguanish, l’archipel des îles Mingan constitué d’une quarantaine d’îles et îlots, abrite une faune et une flore exceptionnelles.
C’est l’action cumulée de l’érosion et du gel qui a façonné le littoral calcaire de ces îles sculptant ainsi de curieux monolithes très caractéristiques. C’est un endroit propice à l’observation des grands mammifères marins (baleines, phoques) et d’importantes colonies d’oiseaux marins tels que macareux, sternes, guillemots, plongeons et eiders.
Le paysage des îles Mingan se compose d’une végétation boréale laquelle se décline en divers milieux successifs : bords de mer, landes, tourbières et forêt boréale. Diverses espèces végétales dont un grand nombre d’endémiques et d’orchidées peuvent y être observées.
De par son statut de Parc national, l’accès aux îles est réglementé et limité en nombre de visiteurs. Il se fait essentiellement en kayak de mer et zodiac. Sur les îles, des sentiers sont aménagés pour randonner le long du littoral ou à l’intérieur. On peut même, sur autorisation, camper sur des aménagements prévus à cet effet.
Nous sommes restés 3 jours en Minganie dont 2 consacrés à la visite de 3 îles au départ de Hâvre Saint Pierre. Le premier jour, nous l’avons entièrement passé sur l’île du Hâvre qui se trouve juste en face de Hâvre Saint-Pierre. Une journée, une île : idéal pour la randonnée tranquille tout en recherchant des orchidées.
Le second jour, nous avons visité successivement, le matin, l’île du Quarry connue pour ses monolithes et l’après-midi l’île de Niapiskau.
Cypripedium parviflorum var. planipetalum
Ce Cypripède est l’un des joyaux des îles Mingan. C’est au niveau de la lande jouxtant le bord de mer qu’on le rencontre, à découvert ou sous les épinettes.
C’est une orchidée de petite taille, plus petite que la variété pubescens présentée précédemment dans le Saguenay. Le nom planipetalum vient du fait que la fleur à la coloration jaune présente des pétales plus ou moins plat. Il est assez abondant au niveau de ses stations et forme habituellement de merveilleux bouquets.
Amerorchis rotundifolia
L’Amerorchis à feuille ronde, unique représentant de son genre, est une orchidée exclusivement nord-américaine dont la présence au Québec peut être qualifiée de localisée et rare.
C’est une plante de petite taille, dotée à la base d’une unique feuille et au sommet d’une inflorescence pauciflore. La forme des fleurs rappelle le genre Orchis auquel l’espèce a été longtemps rattachée. La couleur et les motifs des fleurs présentent une certaine variabilité.
C’est une plante qui affectionne les substrats calcaires en des endroits frais et humides et plutôt ouverts.
Calypso bulbosa
Nous avons raté sa floraison précoce (mai-juin) et n’avons observé que des plantes fanées.
Cette espèce possède une répartition circumpolaire. Au Québec, elle est localisée essentiellement en Minganie, Gaspésie et Bas Saint-Laurent.
L’espèce se décline en plusieurs variétés :
- americana de Terre Neuve à l’Alaska,
- occidentalis de l’Alaska à la Californie,
- speciosa en Asie et enfin
- bulbosa en Europe.
C’est une plante de très petite taille à la très belle fleur complexe et colorée.
Platanthera obtusata
La Platanthère à feuilles obtuses est une discrète plante de sous-bois à la large répartition nord-américaine de Terre Neuve à l’Alaska. Plus proche de nous, on trouve également cette espèce en Scandinavie.
Au Québec, elle est répandue sur tout le territoire et peut être très abondante au niveau de ses stations si bien que, malgré sa petite taille et sa coloration verte, elle reste facilement observable pour les amateurs.
Elle pousse au Québec du nord au sud sur divers milieux, plutôt en sous-bois et affectionne les endroits frais.
Listera borealis
La Listère boréale est une orchidée rare au Québec où on la trouve essentiellement en Minganie.
C’est une plante de petite taille, à la couleur verte généralisée même au niveau de ses fleurs. Elle présente à sa base deux feuilles opposées de forme ovale caractéristiques du genre Listera. Le détail de son labelle plat et rectangulaire révèle un joli vert parfois translucide.
C’est une plante difficile à observer qui pousse sous les épinettes sur de la mousse humide et qui forme de petites colonies peu fournies en individus.
Listera cordata
La Listère cordée est l’une des orchidées les plus répandues au monde avec sa large répartition en Amérique, en Asie et en Europe. Au Québec, elle occupe quasiment tout le territoire et se révèle abondante au niveau de ses stations si bien qu’il est facile de l’observer.
C’est une discrète orchidée à la très petite taille avec ses feuilles opposées en forme de cœur et la coloration rougeâtre de ses très petites fleurs. On la rencontre du nord au sud en sous-bois où elle affectionne les endroits très humides.
Corallorhiza trifida
La Corallorhize trifide, unique espèce du genre américain Corallorhiza à étendre son aire jusqu’en Europe est largement répandue sur tout le territoire québécois où elle peut former sur ses aires d’importantes colonies.
C’est une plante de petite taille, discrète qui colonise les sous-bois de résineux et qui affectionne les milieux humides.
Cypripedium passerinum
Ce cypripède, que nous n’avons pas observé, est extrêmement rare au Québec où il n’est à l’heure actuelle connu que de certaines des îles Mingan alors qu’il est plus répandu vers l’ouest du Canada et jusqu’en Alaska.
Il est protégé au Québec par le statut d’espèce menacée ou vulnérable. Le cypripède œuf-de-passereau ainsi appelé à cause de la forme de son labelle est une plante de taille moyenne, à la fleur de couleur blanchâtre et qui pousse en milieu de lande jouxtant le bord de mer sur sol calcaire.
En marge des orchidées, les Mingan offrent une flore remarquable avec des plantes endémiques comme la Primevère laurentienne, la Mitrelle nue, l’Iris à feuille étroite ou la pyrole à feuille d’asaret.
Direction la rive sud du Saint-Laurent
Nous reprenons la route cap au sud pour rejoindre en soirée la rive sud du Saint-Laurent au niveau de la ville de Rimouski.
Nous consacrons la journée du lendemain à la visite du parc national du Bic. Il s’agit d’un espace naturel de 33 Km², coincé entre l’estuaire du Saint-Laurent et les collines boisées des premiers contreforts de la chaine des Appalaches.
C’est un milieu riche qui permet l’observation de nombreux oiseaux marins de rivage et de phoques. La diversité de la végétation n’est pas en reste et l’endroit est connu pour abriter quelques espèces d’orchidées.
Platanthera hookeri
C’est une orchidée dont l’aire de répartition se situe dans le ¼ Nord-Est du continent nord-américain. Au Québec, elle est présente au sud et le long du fleuve et du golfe du Saint-Laurent.
C’est une plante de taille assez petite mais d’aspect trapu à la coloration entièrement verte même au niveau de ses fleurs. Elle pousse sous couvert de feuillus et affectionne les endroits humides. Elle peut être abondante au niveau de ses stations.
Malaxis unifolia
Le genre Malaxis, réparti dans le monde, compte une dizaine d’espèces en Amérique dont 2 au Québec.
Nous avons pu observer une seule de ces deux espèces, le Malaxis unifolié. Son aire de répartition se situe globalement sur la moitié est du continent nord-américain. Au Québec, on la rencontre dans la partie sud de la province.
C’est une plante de petite taille, discrète et entièrement verte. De ce fait, elle n’est pas facile à trouver. Son inflorescence a des allures de chou-fleur et porte une cinquantaine de fleurs minuscules. Ce Malaxis colonise divers milieux humides sous couvert de bois et forêts.
L’île de Bonaventure
Nous gagnons l’extrême pointe est de la Gaspésie et plus précisément le village de Percé et son célèbre rocher. Le but est de visiter l’île de Bonaventure au cœur du parc éponyme et qui est connu pour ses importantes colonies d’oiseaux marins qui viennent l’été pour nidifier et se reproduire. Parmi ces oiseaux, on peut observer principalement diverses espèces de Guillemots et surtout des Fous de Bassan qui constituent ici la colonie la plus importante au monde.
L’île en partie boisée offre 4 sentiers de randonnée permettant de la traverser d’ouest en est et de rejoindre les falaises à oiseaux marins. Nous évoluons dans la forêt boréale et chemin faisant, nous avons pu observer quelques espèces d’orchidées déjà présentées, Platanthera huronensis, Platanthera obtusata, Corallorhiza maculata et Listera cordata au milieu d’une végétation assez dense par endroit.
Listera convallarioides
La Listère faux muguet doit son nom à la ressemblance de ses 2 feuilles opposées avec celles du Muguet.
Cette orchidée a une aire de répartition disjointe le long du Saint-Laurent et des grands lacs côté est et sur la façade pacifique côté ouest. Au Québec, on la trouve dans la partie sud essentiellement.
C’est une plante de taille petite, entièrement verte même au niveau de ses fleurs. Le labelle en forme de triangle aux angles arrondis est translucide. Elle affectionne les endroits humides en milieu forestier. Elle peut être abondante au niveau de ses stations.
Les tourbières au sud de Québec
Notre périple touche à sa fin et il nous manque encore quelques nouvelles espèces d’orchidées que nous espérons pouvoir observer. Nous prenons donc le chemin du retour direction la ville de Québec.
Dans les environs sud de Québec, il existe de grandes étendues de tourbières susceptibles d’abriter deux nouvelles espèces d’orchidées Calopogon tuberosus et Platanthera blephariglottis que nous rencontrons sans difficulté.
Calopogon tuberosus
Le genre Calopogon, exclusivement américain, renferme 5 espèces dont Calopogon tuberosus est le seul représentant au Québec. L’aire de répartition de cette orchidée se situe sur une bonne moitié est du continent nord-américain avec une large répartition sud concernant la province du Québec.
C’est une plante assez haute, élégante dont la tige peut porter de 3 à 12 belles et grandes fleurs couleur lilas. Elle se caractérise par la structure inversée de sa fleur, le labelle se retrouvant en haut. Ainsi l’insecte qui se pose sur le labelle va le faire basculer sous son poids vers le gynostème qui se situe sur la partie basse de la fleur. Dans ce mouvement, l’insecte récupère le pollen sur son dos et peut ainsi polliniser d’autres fleurs.
Cette plante affectionne les milieux de tourbières où elle peut former d’importantes colonies.
Platanthera blephariglottis
La Platanthère à gorge frangée appartient au groupe des Platanthères frangées et se répartit en gros sur toute la façade est d’Amérique du nord, de Terre Neuve jusqu’en Floride. Au Québec, son aire de répartition se limite à l’extrémité sud de la province dans le bas Saint-Laurent.
C’est une plante de taille moyenne à la belle inflorescence pouvant porter jusqu’à une trentaine de fleurs blanches au labelle bordé de franges. Elle affectionne les tourbières acides où elle peut composer des colonies abondantes.
Autres plantes hors orchidées
Les nombreuses tourbières du Québec abritent aussi quelques plantes carnivores telles que des Droseras ou la belle Sarracénie pourpre. Cette plante est assez spectaculaire par sa grande taille, sa fleur rouge et ses feuilles en forme d’urne remplies d’eau qui constituent des pièges pour les insectes.
Il n’est pas rare de la rencontrer en compagnie de Platanthera blephariglottis et Calopogon tuberosus.
De retour sur Montréal
De retour sur Montréal, nous partons à la découverte des orchidées dont la floraison va peu à peu prendre le relais sur l’ensemble des espèces que nous avons déjà observées tout au long de ce périple, principalement les orchidées des genres Goodyera et Spiranthes.
Le genre Goodyera, réparti sur les zones tempérées du globe, renferme en Amérique du nord 4 espèces, toutes présentes au Québec et dont la floraison s’étale de mi-juillet à fin août.
La floraison des individus que nous avons observés était imminente pour Goodyera repens, oblongifolia et pubescens.
Le genre Spiranthes, avec 24 espèces dont 5 au Québec, est très bien implanté en Amérique du nord. La floraison des Spiranthes s’étale de mi-juillet jusqu’à fin septembre.
Nous avons observé un seul individu sans bouton floral de Spiranthes romanzoffiana.
Enfin, nombreux ont été les pieds d’Epipactis helleborine en bouton floral que nous avons observés dans la partie sud tempérée du Québec. A noter que cette espèce fut introduite d’Europe sur le continent nord-américain au 19ième siècle.
Quelques espèces n’ont pas pu être observées lors de ce voyage, bien qu’en floraison dans la période où nous avons visité le Québec. Parmi elles on peut citer : Coeloglossum viride et Liparis loeselli, deux espèces que l’on trouve chez nous, Listera auriculata qui est très rare au Québec, Malaxis brachypoda plante très discrète, Platanthera lacera occasionnelle au Québec et enfin Platanthera orbiculata.
Bibliographie
Références
- L’Orchidophile n°141 et 142: « les orchidées du Saint-Laurent, voyage SFO au Québec, 1998 », excellent article écrit par Mr Jean-Pierre Amardeilh relatant le parcours et la découverte des orchidées indigènes du Québec par un groupe d’orchidophiles membres de la SFO.
- Les orchidées indigènes du Québec/Labrador, très beau livre de Sylvain Beauséjour qui recense toutes les espèces répertoriées au Québec en précisant leur période de floraison et leur type de biotope.
- Quelques ouvrages de botaniques que l’on peut trouver sur place.
Liens internet
- http://www.sepaq.com : Site des Parc naturel du Québec
- http://www.efloras.org/florataxon.aspx?flora_id=1&taxon_id=10638 : Base de données sur les orchidées d’Amérique du Nord et dont sont issues certaines cartes de répartition présentées ici.
- http://ariel.minilab.bdeb.qc.ca/~fg/MyFlora/Orchidaceae/orchids.f.shtml : Site présentant les espèces du Québec
- http://atlas.nrcan.gc.ca/site/francais/maps/topo/map : Atlas du Canada
Remerciements
A François Gros d’Aillon, Guy Côté, Jean-Pierre Amardeilh, Gérard Reynaud et Josette Puyo.
Ecrit par Elizabeth et Jean-Luc Roux